Henri-Pierre Awonguino-Ndlia
Je suis né dans une famille catholique, où on appliquait tant bien que mal, les préceptes religieux traditionnels. Mais nous le lisions la Bible qu’en des occasions bien exceptionnelles, notamment la période de Noël. Bon vivant jusqu’à 23-25 ans, j’ai été arrêté dans ma folie démesurée des plaisirs du monde, par le décès brutal d’une de mes grandes sœurs, en mai 1992. Je fus très profondément marqué par cette mort, car ma sœur, pour avoir réussi dans ses études et sa vie professionnelle, était mon modèle : mon monde s’écroulait véritablement. Et du coup, tous les plaisirs du monde n’avaient plus aucun intérêt pour moi.
Une seule question m’obséda durant de nombreux jours : « Et si çà avait été moi ; où serais-je allé pour l’Éternité ? En enfer ou au ciel ? ».
N’ayant pas la certitude d’avoir accès au ciel, je réalisais à quel point j’étais perdu ; mon âme était si éloignée de la foi en Jésus du catéchisme, du Jésus de la Bible. Une profonde angoisse m’envahit car j’avais quelques notions sur l’enfer, notamment, la séparation éternelle d’avec Dieu et ceux qui le servent fidèlement. Autant dire que cette épreuve fut un dur « temps de désert », très éprouvant pour moi. Mais le Seigneur l’a utilisée pour me permettre de faire le point sur ma vie, mes ambitions, mes prétentions et ma fausse sécurité, afin de tourner définitivement le dos à ma vie d’avant ce drame familial.
Quelques semaines plus tard, en effet, je me retrouvais isolé de ma famille et de mes amis, pour la toute première fois de ma vie, pour un travail de vacances scolaires, dans une autre ville du pays. Là, seul à seul avec Dieu, avec la Bible, j’ai pu faire le point sur ma piètre vie à travers notamment la lecture des Psaumes (surtout le Psaume 1) et du livre de Job. La lecture du livre de Job, a contribué à me redonner les forces psychologiques dont j’avais tant besoin. C’est en y lisant comment le Seigneur a relevé Job de tous ces grands malheurs qui l’ont frappé, que j’ai aspiré à expérimenter moi aussi, cette sorte de relèvement. Ce livre de Job m’a particulièrement rassuré sur deux choses. D’une part, que c’est bien Dieu qui donne et reprend la vie (Job 1:21 : « Je suis sorti nu du sein de ma mère, et nu je retournerai dans le sein de la terre. L’Eternel a donné, et l’Eternel a ôté ; que le nom de l’Eternel soit béni ! ») D’autre part, qu’il avait le pouvoir de redonner les richesses perdues. La solution n’était évidemment pas de se rebeller contre Dieu ! Par le Psaume 1 et cette séparation momentanée d’avec les miens, je réalisais que je devais rompre avec un mode de vie qui était en opposition profonde et constante avec les voies et la volonté de Dieu. Mais la question de l’Éternité ne me quitta pas pour autant de si tôt. Profondément traumatisé, incapable de concentration, de mémorisation et d’efforts intellectuels, je perdis la motivation pour les études supérieures et la carrière d’enseignant que j’envisageais. Me retrouver seul avec une Bible, seul avec le Seigneur, et seul avec moi-même (ma conscience) a été vraiment ce qui pouvait m’arriver de mieux en cette période-là. Je passais la majeure partie de mes moments de loisirs à pleurer, lire la Bible et crier à Dieu.
C’est ainsi que je fis mes premiers pas dans la foi. Ne fréquentant pas encore une église évangélique, je prenais tout de même le temps « sacré » du dimanche matin pour avancer dans ma recherche de Dieu. A travers la lecture de la Bible, j’apprenais sur Dieu, le péché et la piété. Ma Nouvelle Naissance ne devait plus tarder. Dans cette solitude et la peur de la mort – qui peut être soudaine -, j’ai appris à aimer lire la Bible au quotidien, car je ne voulais pas que mon âme aille en enfer.
A l’issue de mon travail de vacances, ayant obtenu une préinscription pour la poursuite de mes études supérieures à Bordeaux, j’y suis arrivé en décembre 1992. Dans ce voyage, je vécus une de mes premières expériences de foi. En effet, convaincu que je devais partir le jour-même, ce n’est que quelques heures avant le départ que je suis entré pour la première fois à l’Ambassade de France. Avec foi et détermination, je n’ai en gros, prononcé que ces quelques mots à la réception, en présentant ma préinscription : « Je débute mes cours lundi, madame, je suis venu juste chercher mon visa pour entrer sur le territoire français ». Moins de dix minutes plus tard j’avais mon sésame et le soir je pris mon avion pour Bordeaux où j’ai poursuivi mes premiers pas dans la vie spirituelle et chrétienne.
Je m’engageais par le baptême d’eau par immersion en août 1993. Depuis lors je m’efforce, avec sa grâce, de marcher dans le plan du Dieu de Jésus-Christ, désormais, mien.